Vaccination prioritaire : du conducteur de ferry aux gens de mer ?

11/05/2021

Selon le journal Le Marin du 10 mai 2021, les employeurs et les organisations syndicales doivent se voir pour préciser très vite la manière dont la vaccination contre le covid-19 pourra être réalisée pour les marins. La décision interministérielle n’est donc pas officielle, mais une priorité de la vaccination des marins semble se profiler. Elle passerait a priori par les centres de vaccination, sur présentation d’une attestation transmise par l’employeur. Le processus devrait être précisé dans les jours prochains.

Dans un communiqué commun du 9 avril 2021, le syndicat des marins Nautilus International et la UK Chamber of Shipping ont demandé à faire du Royaume-Uni, siège de l’OMI et grand pays du shipping, un centre international de vaccination des gens de mer de toute nationalité.

Dans un courrier du 16 avril 2021, au Gouvernement français, l’ensemble des armateurs à la pêche et au commerce (UAPF, Armateurs de France, APERMA, GASPE et Orthongel), appelle à la mise en place d’une vaccination prioritaire des marins et gens de mer. Ceux-ci sont en effet particulièrement vulnérables, car éloignés des centres médicaux. Ils sont confinés sur leur navire, à la fois lieu de vie et lieu de travail, dont l’exiguïté rend très difficile le respect des gestes barrières. La propagation du virus est donc particulièrement rapide et dangereuse. Les marins sont également souvent contraints de passer les frontières pour rejoindre leur navire ou le quitter. Enfin, ils sont considérés comme travailleurs essentiels, indispensables au maintien des chaînes logistiques, de la desserte des îles et de l’approvisionnement alimentaire.

L’association Française des capitaines de navires (AFCAN) l’avait demandée dès le 13 janvier 2021, demande réitérée le 5 mai, avec également une demande d’augmentation de la dotation en oxygène des navires (deux bouteilles de 5 litres à 200 bars permettent moins de 5 heures d’oxygénothérapie pour une personne).

Le 20 avril 2021, le Ministère du Travail annonçait l’ouverture d’un accès facilité (prioritaire) dans les centres de vaccination pour certaine s professionnels du secteur privé de plus de 55 ans, dont les activités les amènent à être plus en contact avec le virus. Une vingtaine de métiers de l’ordre de 400 000 travailleurs de plus de 55 ans, sont concernés. Ces annonces s’inscrivent dans la lignée de celles du Premier Ministre, ouvrant un accès facilité aux enseignants, aux assistantes maternelles, aux forces de l’ordre, après les soignants.

Les échanges se sont déroulés avec les partenaires sociaux dans la continuité de l’identification des travailleurs de la seconde ligne, soit 17 familles de métiers reconnus sur la base de deux critères :

- des professions dont la nature des activités les amène à être potentiellement en contact avec le virus, par exemple en raison d’interactions avec le public ;

- un fort taux de présence sur site pendant les pics d’épidémie, en raison d’une impossibilité d’avoir recours au télétravail pour ces professions.

Sur la base de cette première liste, qui regroupe 4,6 millions de personnes, une priorité a été constituée avec trois critères complémentaires :

- le fait d’exercer dans un lieu clos,

- le fait d’avoir une activité qui rend difficile le respect des gestes barrières ;

- le fait d’avoir été identifié comme profession à risque par l’étude de l’Institut Pasteur (Etude des facteurs sociodémographiques, comportements et pratiques associés à l’infection par le SARS-CoV-2 (ComCor), Institut Pasteur, mars 2021).

Une vingtaine de métiers ont été définis selon cette méthodologie :  

Conducteurs de véhicule : Conducteurs de bus, de ferry et de navette fluviale, Conducteurs et livreurs sur courte distance, Conducteurs routiers, Chauffeurs de taxi, Chauffeurs VTC, 

Contrôleurs des transports publics,

Agents d’entretiens : Agents de nettoyage, Agents de ramassage de déchets, Agents de centre de tri des déchets.

Agents de gardiennage et de sécurité.

Commerce d’alimentation : caissières, employés de libre-service, vendeurs de produits alimentaires, dont bouchers, charcutiers, traiteurs, boulangers, pâtissiers, (chefs d’entreprise inclus).

Personnels des pompes funèbres. 

Ouvriers non qualifiés de l’industrie agroalimentaire : salariés des abattoirs, salariés des entreprises de transformation des viandes.

Ce sont potentiellement plus de 400 000 travailleurs de 55 ans et plus qui sont ainsi concernés.

Selon le Ministère du Travail, des travaux étaient en cours avec le Ministère des Transports pour examiner des modalités particulières de vaccination pour les personnels navigants techniques et commerciaux du secteur aérien et les marins, notamment ceux qui sont amenés à faire des escales internationales.

Les seuls marins ainsi reconnus étaient les conducteurs de ferries, de manière étrange, montrant les grandes lenteurs de la coordination interministérielle, en dépit de la mobilisation des acteurs maritimes. 


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